vendredi 17 juin 2011

Recul, puis avancee rapide!

(partie de volley des couchsurfers sur une plage proche de Kaş, Kaputaş. Ou repos. Au choix)



Tant de choses se sont passées durant ces deux semaines, que j'ai
l'impression d'avoir vécu plusieurs vies depuis le dernier article du
blog.
Et je ne sais pas par où commencer.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que je n'ai pas beaucoup avancé. Et
même beaucoup reculé.
Il est des endroits comme ça qui vous retiennent et refusent de vous
laisser partir.
Peut-être parce que les voitures y sont immatriculées en 07?
Et ce n'est pas le seul point commun avec l'Ardèche. Les falaises,
certaines activités, comme cannyoning, escalade ou randonnées,
certains paysages, et même les hippies. Évidemment ils ont la mer en
plus. Bon.

(une legende raconte que le mot Turquoise serait ne ici...)

Donc à la suite de mon premier séjour à Antalya, nous nous
retrouvons à Kaş, au Can (djan) mocamp, dans les bungalows duquel
Pawel, couchsurfeur Anglo-polonais, nous a invités pour trois jours.
J'en profite pour récupérer ma tente.
Trois jours plutôt fatigants, à s'amuser comme des mômes. Plage,
volley, chasse au trésor dans les rues de la ville, concours de Limbo,
et "free hugs" (câlins gratuits) à toute la population locale et
touristique de Kaş. Un grand moment.


(soiree telescope, la lune est magnifique ce soir)



Et bien sûr, des rencontres, des "reconnaissances", des personnages
attachants et/ou drôles, et toujours , des discussions de voyage, des
idées, des envies, des pistes...
Comme souvent, une personne vous parle d'un pays, d' une région, et
l'idée germe. Dès lors le hasard met sur votre route le complément
de cette idée. Et l'envie prend forme.
Donc, sans vouloir trop m'avancer, je pense qu'il y aura quelques
modifications dans le parcours à venir après la Turquie, dans un gros
mois et demi. A confirmer, au gré du voyage.




(concours de Limbo)

Dans un premier temps, je n'ai pas pu résister à l'appel du "middle
east rainbow gathering", rassemblement qui durait tout le mois de juin.
Et avec quelques amis, nous sommes partis en stop à la recherche de ce
lieu improbable, où se déroule ce rassemblement de "hyppies, rasta, Gypsies", peace
and love. Tous ne sont pas là pour les mêmes raisons, ne cherchent pas la même chose, mais le point commun, c'est le plaisir partagé, le bonheur d'être là, ensemble. Certains sont admirables de cohérence, et assument avec légèreté des choix de vie personnels.


Au milieu de la montagne, à 1700m d'altitude, 40 km aprés la derniére
vraie route.
Une petite et très mauvaise route qui se termine en chemin, dessert le
dernier village de montagne, à 20km.
Puis encore une vingtaine de km de chemin de terre carrossable. Et
enfin quelques centaines de mètres de montée d'un petit sentier.


Là, derrière un col, une prairie où sont installés les lieux de vie
commune, cuisine, grand tipi pour ceux qui n'ont pas de tente, avec feu
au milieu, et "food circle", au milieu duquel brûle aussi toujours un
immense feu. ( chaque soir, plusieurs arbres entiers, musique, danse...)



Certains, les informations étant peu précises et pour "initiés"
seulement, essaient de s'y rendre à pied ou en stop.
Il y a aussi la possibilité de se regrouper au niveau de la dernière
route, en un groupe suffisant, pour se payer les services d'un dolmuş
qui dessert habituellement les écoles, et fait quelques extras.


Mais
il faut être un certain nombre pour que ça ne revienne pas trop cher
à chacun.
Encore une fois, il faut juste connaître le lieu où trouver d'autres
candidats...
Et là, le véhicule attaque poussivement la montée pendant deux heures. Il ramasse
en chemin les égarés, les épuisés, ceux qui pensaient finir en une
journée la montée et ont passé la nuit dans la montagne, ceux qui
ont fait la moitié en stop avant de découvrir que personne n'allait
plus loin.
Chaque jour, une dizaine de participants montent, et une dizaine
descend ainsi.



(Rachel, Paraguayenne rencontree au cs meeting de Kaş, avec son inseparable engin dont j'ai oublıe le nom, qui lui sert a boire toute la journee un breuvage dont le nom m'echappe egalement... Mais je lui redemanderai)



Certains, la semaine précédente ont rejoint le camp pour célébrer
l'eclipse totale de pleine lune, alors que d'autres, comme nous
célèbreront le solstice d'été (méditation, connection aux 4
éléments, musique et fête), ou la demi-lune (journée de silence et
jeûne pour ceux qui le désirent).



(seance free hugs a Kaş)



La vie est rythmée par les deux repas préparés et servis par la
communauté.( je ne suis pas encore très au point en ce qui concerne la fabrication des chapatis...)
Chacun apporte son aide, et lorsque la nourriture est
prête, le "chœur" des "cuisiniers", lance l'appel "food circle!",
repris par tous dans la montagne pour faire circuler l'information.
Car les tentes des quelques 100 a 150 membres de la "famille" sont réparties
partout autour, au gré des recherches de terrain plat (ça n'existe
pas, sauf autour du food circle), et d'ombre. (ceux
qui dorment sans tente, ne se réveillent parfois pas tout à fait à
l'endroit où ils se sont endormi...




Une fois tout le monde descendu, nous nous rassemblons autour du
cercle, chantons, unite-harmonie, dansons, puis omm, salutation au soleil, et nous
asseyons en concervant la forme de la ronde, alors que les marmites
tournent pour nous dispenser une délicieuse et copieuse nourriture
végétarienne.
Dans la journée, chacun vaque à ses occupations, se réunit autour de
campements commun avec feu et thé, médite, discute, échange, ou va
au ruisseau. Car cascades pour la douche, et sources pour boisson et
cuisine, se trouvent à plus de 20 mn à pieds.
L'anglais est adopté pour la converstion, car tant de nations sont
présentes. L'occasion de prendre des renseignements, noter des
contacts, échanger des expériences.




(personne n'est epargne par nos calins dans les rues de Kaş, pas meme les bebes)



Pour certains, nous nous retrouverons sans doute au cours de nos
voyages respectifs, comme Silvia, déjà croisée en Grèce il y a
trois mois. Alors que d'autres font le parcours dans l'autre sens.
Peut-être recroiserais-je Lisa, ou Piotr, qui se rendent également en
Iran, ou d'autres, le monde des voyageurs étant finalement petit.
J'ai eu des nouvelles d'Eva et Louis par Lisa, qui a marché une partie
de la voie Lycienne, puis des nouvelles par Eva elle-même, qui a été
très malade lors du trek.


Comme d'autres personnes rencontrées, et
qui arrêtaient pour cette raison.


Ainsi qu'au rainbow d'ailleurs.
A chaque fois il est difficile de quitter ses amis, Rachel, Piotr le
blond Polonais qui vit une grande et courte amitié avec Celil le brun
Kurde, deux personnes généreuses et touchantes avec lesquelles j'ai
passé d'excellents moments, Lisa...
Je retourne donc en stop à Anatalya, pour reprendre enfin la route où
je l'avais laissée. Ce trajet me vaut une nouvelle invitation, grand mariage dans 10 jours, mais je ne pense pas m'y rendre car il me dérouterait encore un peu plus... Dommage.









Ha, et ci-dessus l'unique photo du rainbow, ou images et technologies ne sont pas souhaitees





(cascades du parc de ?. Bon alors pour les noms, y compris ceux des personnes rencontrees, c'est carrement le noir total!)




De retour en stop a Antalya, je tente de contacter en dernıere minute Ferhat pour passer la nuit chez lui. Mais il travaille et ne peut repondre. En attendant je fais reparer ma tente, puis decide de reprendre la route dans la foulee.


Destination Konya, par un itineraire qui m'a ete donne par des amis rencontres au rainbow.


Fait entierement a pieds, il prend plusieurs semaines.


Mais je n'ai plus le temps, il me faudra composer avec les opportunites...


(bestiaire: la tortue qui nage. Nouveau hein?)



Alors que je traverse la ville, un motard me prend en croupe, et m'evite ainsi plusieurs jours de banlieue, mais aussi de bord de mer. Nous faisons un break dans un parc ou coulent des cascades.





(Köprülü canyon)




Il me depose dans la petite ville de Serik, ou je passe la nuit. Au matin, je decouvre que le ressemelage du talon de mes chaussures est presque completement decolle. Le cordonnier a vraiment travaille comme un goret! Je vais donc les faire reparer dans un magasin d'electronique. Du bon boulot. Ouf!



(hum, la traversee est tentante...)
İl fait une chaleur ecrasante, alors que je me dirige vers le Köprülü canyon, haut lieu de rafting. Ça devrait me prendre plusieurs jours. Mais me voyant peiner en plein cagnard, tout le monde fait ce qu'il peut pour m'arreter: thé, re-thé, quelques kilometres en voiture, camionette, mini-bus, invitation a dejeuner (un super merci special a... ben voila, j'ai encore un trou mais il se reconnaitra, guide du groupe de Français), re-voiture...


Bref, le soir arrivant, je me retrouve deja en haut du canyon...


Une nuit tranquille en bord de riviere, et je reprends la montee, forte des informations qui m'ont ete fournies au cours des rencontres. Petits plans faits main, noms des villages... car rien n'indique a priori qu'on puisse traverser la montagne qui me ferait passer de l'autre cote. Meme google reste muet.



Chacun m'apporte donc son aide tout en essayant de me dissuader. Trop difficile. Trop dangereux. Ha bon, quels danger? Heuuu... Bon, on verra, apres tout on est en Turquie non?

J'arrive donc ce jour la a marcher 20 km, entrecoupes de 5 km en camionnette. Raisonnable. Levee depuis 5h30 du matin, atteignant vers 15h le dernier village avant la traversee deserte de la montagne, je m'informe d'un endroit ou planter la tente pour me coucher de bonne heure. Ainsi que de l'itineraire mortel du lendemain qui raccourcit de deux jours.



Que n'ai-je attendu le lendemain pour me renseigner! Tout de suite Huseyin et son ami se proposent, car ils envisagent de passer en camionnette par la longue piste pour rejoindre Beyşehir de l'autre cote. Je ne comprends pas exactement ou ils vont, comment ni pourquoi, c'est tres flou, mais bon, ok.



Arrives au col, a 1500m, ils s'arretent pour prendre de l'eau a une source. Bien. Puis, ils decident de pique-niquer la. Tout etait pret dans la camionnette. Un pique-nique des plus serieux. Diner? Dejeuner? Il est 5h du soir. Comme toujours ils me gavent, et chargent mon sac des victuailles restantes. Et prends aussi ces quelques melons, et cette pasteque... Trop lourd!


Puis ils me montrent qu'ils ont une tente dans la voiture. Pourquoi pas dormir ici apres tout, l'endroit est magnifique mais il commence a pleuvoir.



(preparation des brochettes, aubergines grillees, oignons, tomates, oeufs, on roule tout ce qu'on veut dans des petites galettes rechauffees rapidement, hmmm...)



Non, ils m'expliquent que la tente, c'est pour quand ils viennent chasser. Car ici on chasse enormement la nuit. Toutes les nuits de nombreux coups de feus. Nous repartons donc.



Nous voici alors partis pour la tournee de tous leurs amis bergers, car ils veulent acheter fromage et lait, mais il faut attendre l'heure de la traite. C'est a dire 8h du soir!



Nous patientons donc en prenant le the et encore quelque nourriture, chez la famille de bergers qui habite cette cabane. Le soir tombant, cette famille me propose de dormir avec eux, et de descendre a pieds le lendemain matin.


Oui! Je vote pour! C est trop beau ici! Demain, descente sur le plateau, puis marche et camping le long du lac de Beyşehir. Cool.




Mais mes deux compagnons ne l'entendent pas de cette oreille, et preferent me garder pour eux. Non, viens a la maison, des que le telephone passe j'appelle ma femme, et tu dors a la maison. Bof.


Nous repartons donc en voiture, et je loupe tout le beau paysage de nuit. Snif.


Puis il appelle sa femme, et comme il est tres tard, elle ne veut pas. Le conducteur depose son copain, puis se tape 60 km de plus aller-retour pour me poser directement a Beyşehir, car je refuse de planter ma tente n'importe ou en bord de route, dans la nuit et le crachin qui continue a tomber.


Onze heures du soir, apres une derniere invitation a diner, (je ne sais plus combien de repas j'ai pris aujourd'hui), j'atteris dans un petit hotel de Beyşehir. Tiens, j'ai mis trois jours a faire le parcours d'un mois. Bof, j'prefere la marche a pieds.







Encore une fois, je n'ai pu mettre toutes les photos dans l'ordre, voici donc quelques vues d'Antalya, de mes pauvres chaussures avant tentative de restauration, et de notre soiree cs dans l'amphitheatre de la marina d'Antalya.

(Quelques compagnons couchsurfeurs)

( İci, on dirait bien qu'ils abusent du viagra... On s'etonne apres qu'il y ai une proportionnelle consommation d'aspirine! Toutes les femmes ont la migraine!)



( Hadrian Kapısı: porte d'Hadrien a Antalya)




Et encore une fois, pas possible de redimenssionner les photos, il faut toujours cliquer dessus pour voir en grand...




Je suis maintenant sur le plateau Anatolien pour très longtemps, à plus de 1000 m d'altitude. Il fait beaucoup moins chaud. Voire frais avec nuages. Ou brulant le jour et glacial la nuit. Je viens d arriver a Konya.

lundi 13 juin 2011

REPOS

Repos. Oui, repos bien mérité, après avoir terminé ce trek! Deux nuits en couchsurfing à Kemer, chez Fatih et ses deux co-loc,  puis trois autres nuits à Antalaya chez Ferhat. J'y retrouve les affaires que mes amis Suisses y avaient déposées il  y a un mois, ainsi qu'un colis envoye par une amie. Mais revenons en arrière. Et même jusque chez Ademe, dont j'avais oublié de vous présenter les  chameaux. Enfin ceux de son frère. Je vais m'en tenir là, et ne pas  vous présenter toute la famille, frères, parents, cousins, voisins,  oncles, amis... Et passons directement à la suite du parcours.
Il faut vous dire que depuis quelques jours, je suis plus que jamais  accrochée au balisage, car dans une bataille entre rochers arbres et  arbustes pour retrouver mon chemin, le topo est tombé, et à part un  petit dépliant-carte touristique, j'avance un peu à l'aveuglette...
 Pour quitter Finike, une loooongue route toute droit avant de  retrouver le parcours. C'est sans compter avec ce que j'appellerai la  "providence" Turque. Alors que je me liquéfie sous le soleil, un jeune à moto s'arrête,  et me voici "presque" à pied d'œuvre, car ne connaissant pas la  Lycian way, il me pose sur une plage trés loin du parcours. Mais  quelques "droit dans la pente à travers bois", m'y ramènent en une  petite heure. Je n'avais pas encore du transpirer suffisament  aujourd'hui! Pause déjeuner sur cette plage, dont l'image (ci-dessus) de l'unique parasol près  de ce gros rocher m'a séduite.
(ce n'est pas parce qu'on est musulmane qu'on ne va pas se baigner et prendre une petite douche apres!)
Et dans la soirée, petite baignade suivie d'une douche, sur une autre  plage qui m'accueillera pour la nuit. J'attends que tout le monde soit parti pour dîner et installer mes affaires.
 Mais deux jeunes arrivent pour écluser des bières sur le ponton, et  ne partent qu'à la nuit tombée. Ils s'inquiètent de me voir là, et du coup je leur explique. Ils partent aussitôt me chercher à manger, et reviennent chargés  d'une grosse assiettée de pâtes! Puis bien éméchés, ils me proposent un bain de minuit, puis de dormir  chez/avec? eux... Il suffit de refuser poliment et leur expliquer que je suis fatiguée,  et ils s'en vont, après s'être assurés que je n'aurais pas froid. Trop cools.
 Le lendemain, le défaut de topo me joue un vilain tour. Sur le plan  sommaire dont je dispose, j'espère trouver une source à mi-chemin.  Mais il s'avère que c'est une citerne, et que je ne peux pas l'ouvrir. Je tombe donc en rade d'eau alors que je n'ai pas encore atteint le  col, que ce jour là il est annoncé dans les 37 à l'ombre, et que je monte en plein cagnard dans des éboulis blancs. Dans la fin de la montée, je m'arrête quasiment tous les trente mètres. Je n'en vois pas le bout. Heureusement vient enfin la descente, plus ombragée, et deux heures  plus tard, de l'eau! Ouf! Au début il ne s'agit que d'une fuite dans  un tuyau captant une source, mais j'y reste à quatre pattes avec mon gobelet jusqu'à ce que mon inextinguible soif soit à peu près étanchée.
Puis je trouve un endroit parfait pour dormir, mais je n'ai plus à manger, et un arrêt ici me rajouterait trois kilomètres sur l'étape déjà longue de demain. Je continue donc jusqu'à la plage d'Adrasan, petit paradis pour touristes. Pas une seule "vraie" maison, mais des dızaines et des dizaines de pensions, hôtels, bars et restaurants.
 Il faut dire que la baie est splendide. J'ai juste oublié de prendre des photos... Et le lendemain, je passe la nuit dans une petite pension du site d'"Olympos", où cette fois les pensions ont totalement colonisé sauvagement ce magnifique canyon avec leurs "tree-houses". Ce sont effectivement parfois des cabanes dans les arbres, mais surtout des cabanes en bois. Rien en dur dans ce canyon, que du bois du bois du bois. Ça confère au lieu une ambiance très particulière. Fréquenté par les backpackers du monde entier, dans une atmosphère très années 70. Et au bout du canyon, la magnifique plage, après les ruines d'une ancienne cité Lycienne, puis Grèque et enfin romaine, où les époques se superposent.
(endroit parfait pour m'arreter, mais plus de nourriture)
(un poil juste pour moi et mon sac a dos...)
(petite pension a Olympos, atmosphere detente)
Et alors que j'envisageais, pour éviter quelques grosses étapes de montagne, de prendre l'option itinéraire côtier, je m'aperçois que ça me ferait louper "les feux de Chimeira". Et passer à côté de l'aheine du dragon tué il y quelques deux mille ans, ce serait dommage! Je modifie donc dans la foulée mon itinéraire, évitant ainsi village  et côte. 

(le canyon d'Olympos)

(la plage d'Olympos)


(Bon alors, les serpents vivants. ils vont trop vite. Heureusement.)
(dans la montee de Chimeira, un moyen original de signaler les poubelles)
A quelques 300 m d'altitude, le feu sort des gueules de la terre. Il fait chaud. Montée, redescente, remontée, c'est sec. Et soudain, vers Ulupınar (Pınar= source), de l'eau partout. Des torrents, des ruisseaux, des sources, ici c'est le royaume de l'eau. A tel point que c'est le fond de commerce de ce village et de ses  environs. Beaucoup de restaurants au milieu de nulle part, installés dans l'eau,  qui cascade de tous côtés. Impressionant et rafraichissant.
 Je continue la grimpette, et arrive au dernier village a 900m, avant  quelques jours d'étapes de montagne. Petite halte au mini-market, pour faire des provisions. Et au moment de payer, je m'aperçois qu'en zappant mon itinéraire  d'origine, j'ai aussi zappé le distributeur de billets! J'ai bien quelques euros, mais l'épicière n'en veut pas, et ne me  vend de nourriture que ce que je peux obtenir avec mes 5 TL restantes  (2.50 euros). Voyons, il me reste une perite boîte de maquereaux, des céréales, et  quelques olives. Je prends du pain, du fromage, et une petite boîte de thon. Prochain distributeur de billets dans 5 jours.. La mission: tenir jusque là.
(les feux de Chimeira)

(bestiaire suite, grenouille)

Je commence donc dès cette fin d'après-midi l'étape du lendemain. Et le ciel étant menaçant encore ce soir, je trouve une cabane de  bergers assez abandonnée mais toujours bâchée. Je m'y installe, mais me déplace avec prudence et parcimonie autour,  car quelques bébés serpents ont filé entre mes pieds, et les parents  ne doivent pas être loin. Tout le bazard qui jonche les alentours de  la cabane (bâches, boites, bidons), offrant des nids à foison.
 J'y dors assez mal, car le vent se levant, fait claquer les bâches et  plastiques divers tout la nuit. Et sentant une bestiole sur mon bras dans la nuit, je l'attrappe à  l'aveuglette et la jette, mais je pense que c'était une abeille  moribonde qui m'a piquée légèrement, la cabane étant entourée de  ruches.

(confort moyen)
Au matin, je poursuis la montée. Très raide, mais ombragée, dans  une forêt magnifique. Je grimpe, lentement mais sûrement, avec cette sensation qui  m'accompagne souvent le matin, qu'il suffit juste de mettre un pied  devant l'autre, pendant un temps indéterminé, pour parcourir la terre  entière. Sensation grisante que le monde vous appartient, et qu'il ne  tient qu'à vous de le découvrir. Une appartenance sans possession,  une offrande.
 Bon, le soir, mes pensées sont généralement plus terre à terre... Surtout quand, la journée se présentant bien, j'enchaine deux  étapes, pour palier au manque d'argent et nourriture. Et bien sûr, quand tout semble dans la poche, descente jusqu'au  prochain village, ça se corse. Le balisage au lieu de descendre remonte, et prend la mauvaise  direction. Je pose mon sac, et pendant plus d'une heure, explore toutes les directions. Vers le haut, vers le bas, et finis par retrouver  l'itineraire d'origine.
 Mais problème, un enclos rempli et entouré  d'un troupeau de chèvres en bouche l'accès, ce qui n'est pas grave en  soi, mais le chien qui les garde n'entend pas me laisser passer. La  plus brave des bêtes à distance, devient monstre sanguinaire dès que  j'approche un tant soit peu. J'essaye diverses stratégies, mais le  molosse ne veut rien savoir, et le goulet d'accès au chemin est  complètement bloqué.
 Cherchant une solution alentour, j'aperçois un berger, qui n'a pas  l'air très net. Il se cache derrière un arbre plus haut, et  apparaît, parfois torse nu, parfois vêtu d'un tee-shirt orange, les  bras en l'air, recommençant plusieurs fois ce petit jeu. J'essaie de  lui parler, mais il se recache à chaque fois, et ne rappelle pas son  chien lorsqu'il m'attaque.
 Bon, et bien on ne va pas insister, je repars, et descendrais  finalement par un large chemin carrossable, qui rallongera encore de  quelques kilomètres cette double étape. 
(partout des chutes de pierres. Je ne m'attarde pas...)
(j'etais quasi la-haut ce matin)
J'arrive enfin au village, avec de quoi tenir encore ce soir et demain. Et dès la première maison croisée, je me fais héler par Galip et sa  femme Acen. Un petit thé, d'accord, ce n'est pas de refus. Je les  informe tout de même que je n'ai plus un centime, car ce qui est  offert de bon cœur ailleurs, ne l'est pas forcément losqu'il y a des  touristes dans la région. Mais au contraire, du coup ils me proposent  de m'héberger cette nuit, dans une petite maison dans leur ferme. C'est pas d'refus! Le soir, Galip m'emmène sur sa moto voir des amis, visiter une grotte,  et l'arbre millénaire local. Impressionant.
 Entre temps, il m'a informée que la descente de la double ètape que  je compte faire le lendemain, est déconseillée. Trés dangereuse, il  y a eu de nombreux accidents. Il me propose donc de faire la partie montante de l'étape, car la vue  est spectaculaire, et de redescendre par la petite route pour passer  une deuxième nuit chez eux. Ok. Il me faudra seulement m'habituer deux jours durant, à être appelèe  Fatima, car Galip a décidé que ce serait mon nom Turc, car il  n'arrive pas à prononcer Françoise. J'ai toujours eu un certain temps  de réaction lorsqu'il m'appelait...
 En redescendant, le lendemain, le nez au vent et allégée de la  plupart de mes affaires laissées chez eux, je m'aperçois que je ne  retrouve plus leur maison, située un peu à l'écart du village. Je  suis descendue trop bas, il y a plusieurs petites routes, ce que je  n'ai pas vu, n'ayant pas traversé le village le matin en partant par  un sentier dans la forêt. Je reviens sur mes pas, mais ne sais pas vers où me diriger. Je  pourrais demander à quelqu'un, mais quoi? Sur le coup j'ai oublié leurs  noms. Expliquer que c'est une famille avec deux enfants? C'est le cas  de tout le monde ici. Qu'ils ont des chèvres? Idem. Des vaches? Pareil.  Des poules et coq? Mouais... Et toutes mes affaires sont là-bas. Je finis par retrouver la maison après m'être fait une petite  frayeur. Ha bonjour l'aventurière!
(la grotte de Gedelme. Ils font tout comme en Ardeche ici. Canyons, grottes, escalade... Je ne me sens pas depaysee comme ça!)
(bestiaire suite, le gros crapaud)
(on ne voit pas bien la taille du tronc, mais il est enooorme!)

Le jour suivant, je termine donc mon parcours en redescendant vers  Kemer, la civilisation, et ses distributeurs de billets. Billets que je n'aurais pas le droit de dépenser tant que je serais  sous le toît de Fatih, mon couchsurfeur. Finalement je n'aurais effectivement pas déboursé un centime en 5  jours. Mais je n'aime pas vivre ainsi aux crochets des rencontres.
 Ce  qui est proposé de bon cœur, n'a plus le même sens lorsqu'on met les  gens dans l'obligation de subvenir à vos besoins. Je passe donc deux nuits parfaitement reposantes à Kemer, où mon  hôte et ses co-locataires m'ont laissé leur meilleure chambre.  Baignade, ballade, dans cette ville touristique, annexe de la Russie. De Demre à Antalya, le Russe est roi. Enseignes en Russe, tout les  gens dans le tourisme parlent Russe et non Anglais.
(Galip et sa famille)
(j'aime beaucoup ces deux photos. La naturelle, et la posee)
(canyon de Göylük)
Puis arrivée à Antalya, où je suis actuellement, chez Ferhat et ses  co-locataires. Hier soir une soirée extrêmement chaleureuse entre  couchsurfeurs, dans l'amphithéâtre de la marina. Pas moins de douze nations représentées dans notre petit groupe!  Passionant.
 Et vendredi, avec quelques uns, je repars pour Kaş, où, SCOOP, ma  tente est enfin arrivée, deux jours après la fin de mon trek! Et à Kaş, ce week-end, grosse réunion couchsurfing dans un camping.  Ça tombe bien!
 Donc après la solitude des montagnes, vie sociale très active! J'aime cette alternance, de solitude, de rencontres et vie dans des  familles Turques, et d'échanges cosmopolites.
 D'autant plus qu'après ce parcours de près d'un mois (qui aurait pu  être beaucoup plus court si je ne m'étais arrêtée fréquemment deux  nuits par-ci deux nuits par là, dans l'espoir de voir arriver ma  tente) j'ai une super boulette! Ça a été malheureusement un stress dont je me serais bien passée  pour apprécier les merveilles de cette randonnée. D'autre part, si j'avais été certaine de ne pas l'avoir, je n'aurais  sans doute même pas commencée!
(l'orage arrive sur Kemer. J'ai fini la Lycian a temps! Orages apres orages deux jours durant dans les montagnes)
Donc heureuse, et comme neuve après ces quelques jours de repos.
 Après la fête de Kaş, je reprendrai la route pour Konya et ses  soufis, j'irai y voir les derviches tourneurs. Puis la Cappadoce et ses grottes. Mais à force de trainer, et déroutée de plusieurs centaines de  kilomètres de l'itineraire prévu à l'origine, il va me falloir  composer avec l'emploi du temps, si je veux être sortie de Turquie  avant la fin de mon visa, fin août.
 Auto-stop, bus? Je verrai. A partir de maintenant, la taille des pays,  les parties désertiques, la durée des visas, et les saisons dicteront  ma manière de voyager.
PS: je rappelle que ma seule adresse desormais est frdasque@hotmail.com car je n'ai plus acces a celle de katbrakatjamb.