vendredi 27 mai 2011

Kınık-Kaş

Résumé de l'épisode précédent: à la fin d'une journée éprouvante, alors que j'achète quelques provisions pour les jours à venir, je fais la connaissance d'Eva, Tchèque, et de Louis, Américain, randonneurs sur la voie Lycienne.
Deux amis de fac via Erasmus, à Istanbul. Ils parlent tous deux assez bien Turc.

Ils ont eu à peu près les mêmes soucis que moi dans la journée, et veulent fuir ce village inhospitalier, en prenant le prochain Dolmuş pour faire les 5 km, qui par la route vont nous mener au prochain village, où nous pourront camper, et aux collines, pour la suite du parcours.



Je n'ai pas encore eu le temps de visiter les ruines de Xanthos, qui amènent tant de monde, mais tant pis, je pars avec eux.


Sauf que le patron du café dans lequel nous sommes allés boire un thé, nous annonce qu'après 18h, il n'y a plus de dolmuş.


Il nous faut prendre un taxi, il va voir ce qu'il peut faire. Il revient en nous donnant un prix exhorbitant, pensant que nous serons obligés d'accepter, sinon il nous faudra marcher, annonce-t-il goguenard!


Nous refusons le chantage, et après nous être concertés, faisons le mur à l'envers après la fermeture du site, et allons dormir dans les ruines.



Dès l'aube, levés à 6 h, partis 20 minutes plus tard, nous décampons, et redescendons vers le village pour attrapper le premier dolmuş du matin.


Nous découvrons alors, que pour Çavdır, ou nous voulions nous rendre la veille, il n'existe de toutes façons pas de transport. Le cafetier de la veille a essayé de nous rouler dans la farine.Décidément un charmant coin!


Nous faisons donc ces quelques kilomètres à pieds finalement, sur une route paisible, avec de très jolies vues sur l'arrière du site archéologique, et des tas de coins où on aurait pu camper tranquilles!
Et nous voilà sur le chemin qui suit l'ancien aqueduc, et fait tout l e tour de la vallée. En gros, pour nous retrouver de l'autre côté des douze kilomètres de plage, il nous faudra trois jours.


Et nous ne serons pas trop de trois, pour démêler les problèmes de balisage, et d'interprétation du topo, que même Louis ne comprend pas.
Je suis ravie de les avoir enfin rencontrés, suivant leurs traces depuis le début, tâchant de deviner aux empreintes de leurs chaussures, hommes, femmes, couple...? Où se sont-ils arrêtés? Combien de jours d'avance ont-ils sur moi? Les rattrapperai-je un jour? Un vrai polar qui m'a tenue en haleine ces derniers temps.
Nous allons passer deux jours et demi ensemble, très agréables, avec parfois des rythmes de marche différents, nous rejoignant lors de poses près des cours d'eau.




L'arriere du site de Xanthos



L'acqueduc

Fais pas cette tête la Eva, ça va pas s'ecrouler!




Peut-être en raison des tremblements de terre, peu d'habitat ancien jusqu'a present


Louis nous a prepare un bon petit feu
Le midi du troisième jour, je décide d'aller me baigner et dormir sur la plage qui est en bas, puis de faire la boucle ramenant sur la plage de Patara et les ruines, car je ne dois pas aller trop vite, pour essayer de ne pas arriver à Kaş, avant le colis contenant ma tente.


Alors qu'eux jouent la montre dans l'autre sens, car Louis a un avion dans trois semaines.




C'est bete, j'ai efface la photo qui montre l'ouvrage monumental du siphon, en tres bon etat, et dont voici quelques morceaux.


Finalement, l'orage menaçant, après une baignade, je remonte de la plage pour passer la nuit, afin de me rapprocher de l'acqueduc, qui pourra m'abriter le cas échéant.



Quelques minutes après le départ le lendemain matin, le balisage fait à nouveau défaut, et je finis par me rendre au jugé et par des chemins de traverse aux ruines de Patara.

J'ai même la très mauvaise idée de vouloir couper par le sommet de la colline cı-dessus, afin de jeter un œil sur des ruines non visitées.

Je comprends vite pourquoi. Ils les ont laissées tranquilles depuis 2000 ans, et la nature et les buissons agressifs n'entendent pas me laisser passer.

Bon, je ne saurais pas dire qui a eu le dernier mot, mais je suis arrivée en bas.





Allez, je me jette, j'en seraı quitte pour m'acheter une nouvelle peau...


Encore un petit théâtre? Oui je sais, j'abuse, mais j'adore ça, ça doit être une déformation professionnelle!


Petite baignade sur la plage de Patara côté est, et pas question d'aller me reperdre dans la montagne pour boucler la boucle.

Je me rends donc au prochain village pour prendre un dolmuş pour Kalkan.


Entre mes batons plantes dans le sable, j'aperçois tout et son contraire...





Un peu plus de monde de ce cote de la plage, je m'installe, et le temps de me baigner, un groupe de jeunes s'est installe a un metre de mes affaires. Ha, instinct gregaire quand tu nous tient! En chemin, je rencontre un Allemand qui fait partie d'un groupe de 5 personnes qui marchent également sur la voie Lycienne. Il me déclare ne rien comprendre non plus aux phrases d'explication du topo. Dans leur groupe, il y a aussi un Irlandais qui ne comprend pas d'avantage. Trop de mots inconnus.

Mais quelle langue parle cette Kate Clow que personne ne comprend?

Nul ne le sait, et pour l'heure, leur groupe prend une journée de repos. Peut-être nous rencontrerons-nous plus tard dans la montagne...


En arrivant dans le village pour attendre le bus, le patron d'une gargotte me dit que je viens juste de le louper. Prochain dans une heure. Je m'installe et mange un morceau.


Sur ces entrefaits, arrive Pete. Il est Anglais, et fait aussi cette randonnée en solitaire.

Chouette, je vais en savoir plus! Alors les mots, en gros, il les comprend, mais mis ensembles ils ne sont d'aucune utilité.

Les indications sont du style: tourner après le gros arbre qui est derrière le gros caillou! Toujours dans des moments où on est entourés de gros arbres et de gros cailloux!

Il en a trop marre, il s'est déjà perdu trois fois, il souffre de la chaleur écrasante, il arrête et reprend un avion demain. Peut-etre re-essaiera-t-il en octobre...


Nous discutons, l'heure du bus passe, puis la suivante, et toujours rien.

Il me dit: tu vas voir, dans un quart d'heure le patron du resto va te proposer les services d'un copain taxi, comme par hasard.

Je n'ai pas voulu prendre le pari, j'ai rejoint une route plus passante, et me suis rendue en stop à Kalkan.

Et pour la peine, après six nuits dehors, je me prends une petite pension. Na!


Ruines de Patara





Le lendemain, en cheminant, je guette les traces d'Eva et Louis, mais les cailloux ne se prêtent pas vraiment à ce genre d'exercice.

Et je crains qu'ils n'aient abandonné, car Eva souffrait aussi beaucoup de la chaleur, d'une allergie au soleil sur les cuisses et les bras, des griffures des épineux très denses partout, de la difficulté du trek, des problèmes de balisage, et d'une énorme ampoule.


Et effectivement, une demi-heure après le départ, je me paume bien. Je finis malgré tout par retrouver un petit village par lequel passe le GR. Et là, des voitures partout! Il y a une fête! Évidemment, j'y suis conviée, et le repas me relance pour la suite.








Il va falloir se battre pour l'eau!

Arrivée au village de Bezirgan, je rencontre Ayhan et sa femme, qui se préparent à redescendre sur Kalkan après avoir préparé leur résidence d'altitude avant l'été (qui apparement est déjà là).

Ils me proposent de m'installer sur le canapé de leur terrasse cette nuit.

Super! Pas de rosée, et donc pas de duvet trempé le matin, et pas de bestioles qui rampent dedans la nuit, avec au réveil, dans mon drap du vilain jus de bêbête écrasée.


Et leurs voisins, bien sûr m'invitent à partager leur dîner et leur petit déjeuner (à 5h30... )





Le confortable canape de Ayhan


Leur voisine, sa maison.





Beaucoup d'endroits magiques par ici


suite du bestiaire...

Je vous passe les errances des jours suivants, qui bonnant mallant me mènent à Phellos, une antique cité Lycienne au sommet d'une montagne.

En plus j'ai été beaucoup aidée par des kairns fréquents, sans doute mis en place par Eva et Louis qui savent que je suis une journée derrière eux, et dont j'ai enfin retrouvé les traces!Jusqu'à l'emplacement de leur feu de la veille.

Hmmm, bon choix, vue à couper le souffle à 360 degrés, dans un lieu dégageant une atmosphère fantomatique et magique.

Allez, encore une nuit entre tombeaux de -400 av JC, et ruines imposantes.

Jamais je n'ai été aussi au calme. Une impression de bout du monde, d'un côté la mer, de l'autre les montagnes enneigées, et partout ailleurs des montagnes à perte de vue.


La voie Lycienne, c'est un peu comme le GR 20, mais deux fois plus long, et avec de fréquents passages sur les plages.


Phellos


Tombeaux Lyciens





Oups, encore des tortues! Je les trouve trop craquantes...


Apres la descente depuis Phellos, il faur trouver le bon chemin pour la descente sur Kaş. Du haut de la falaise, il ne faut pas etre distrait, car tous donnent dans le vide, sauf un...

Voilà. Au réveil je dois redescendre les 1000 mètres, jusqu'à Kaş, où ma tente devrait m'attendre dans une petite pansiyon. Mais de tente, point.


Sur le bateau qui conduit vers l'ıle Greque a 5km de Kaş, on hisse les couleurs Greques a l'arrivee au port.


Non je ne prendraı pas le petit escalier qui monte en haut de l'ıle vers un ancien monastere. C'est un jour de repos.










Trop tard, c'est fait, je suis en haut. Je suis incorrigible. Meme pas encore calmee. Je dirais meme que c'est pire que jamais. Il faut toujours que j'aille voir comment c'est derrıere la collıne, derrıere la montagne!














Je reste a Kaş deux nuits dans la pension supposee recevoir ma tente, ce qui me permet de faire un aller-retour dans la journée de vendredi, sur la minuscule île Grèque de Meis, qui relance mon passeport pour trois mois potentiels de Turquie supplémentaires.

Mais toujours pas de tente. Je ne vais pas rester une semaine ici, sans même savoir si ça vaut le coup, et quand elle arrivera.

Heureusement tout s'arrange toujours en Turquie, et je vous écris ce soir depuis une maison qui va être louée cette semaine, et dont je profite en attendant.


Mais je ne veux pas perdre trop de temps, et repars demain matin, apres m'etre organisee pour qu'on me previenne et me l'envoie par dolmuş... Croisons les doigts!

Les nuits se suivent et ne se ressemblent pas. Laquelle des six chambres de la maison vais-je choisir pour dormir cette nuit?



PS: depuis deux jours problemes pour la taille des photos, il faut cliquer dessus pour les voir en grand, car je ne peux pas les agrandir.


3 commentaires:

  1. Quelques galères, mais quelle belle aventure sportive et humaine.

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  2. Coucou françoise..Je viens de m'enfiler,d'un coup,l'integralité de tes aventures..suis scotchée,emerveillée...Et j'en passe!!quelle extraordinaire expédition!!!Il est loin le temps de la danse avec Viviane,et les repets avant-cours à la maison...C'est Agnès qui m'a permis d'acceder à ton blog. Merci de nous faire partager photos,impressions..et émotions!!
    Te souhaite bonne continuation,et de nombreuses autres riches expériences!!Je t'embrasse
    Fabienne (Dazin)

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  3. Françoise...tu es épatante :-) ! Une vraie aventurière...baroudeuse... bref on se régale de tes écrits et te soutenons moralement même si tu t'éloignes de plus en plus !
    Ici tout se passe bien, la petite vie tranquille avec une chaleur digne de l'été ! On pouponne bien et mathieu essaye de faire quelques travaux sans réveiller Sarah ! Gros bisous . Bonne route. Isa math et maëline

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