lundi 8 août 2011

Snif, au revoir Turquie...



(En quittant Trabzon, je visite le monastere de Sumela)


Ce pays finit par donner de mauvaises habitudes.

Partant pour plusieurs jours en montagne sans l'ombre d'un potentiel

ravitaillement, aucun village répertorié, je n'ai sur moi que le

minimum afin de ne pas mourir de faim dans les 24h.


Et lorsqu'après quelques heures de marche dans la forêt, je commence

à me dire que j'ai peut-être poussé l'optimisme un peu loin, je

rencontre des bûcherons, dont les femmes sont venues faire chauffer la
marmite du casse-croûte.


Je déjeune avec eux, et repars, pourvue d'olives, de fromage et de
pain.


Et bien entendu, du conseil de ne pas dépasser la(e)? prochain(e)? "yayla",

avant la nuit, à cause des loups.


(Les yaylas sont des espaces

dégagés et un peu plus plats, où se trouvent quelques maisons

habitées l'été, mais qui ne sont pas considérés comme villages, et

non marqués sur les cartes ou Google.)

("Usine" hydroelectrique d'1 yayla)


Un peu plus tard, la piste est en travaux pour un futur goudronnage.
Bariş, qui charrie des tonnes de rochers nécessaires à la

construction de la route, m'invite à monter dans son camion.


Milieu d'après-midi, l'endroit en travaux ne m'inspire pas pour la nuit,

pourquoi ne pas m'avancer un peu? Ok.



Mais il fait uniquement de courtes navettes, et ne m'a prise que parce
qu'il s'inquiètait de savoir où j'allais.


Dès qu'il le sait, il

m'invite à dormir chez lui, car la nuit parait-il, un fort vent se

lève et emportera ma tente, et il y a tant de loups ici, que je vais

me faire dévorer.
(Sumela)





Donc, deux chargements et dèchargements plus tard, nous voici partis.

Il habite en fait dans la dernière ville quittée aujourd'hui, et me

fait redescendre en camion la vingtaine de kilomètres parcourus!


Déprimant.


Et après encore quelques chargements et livraisons de gravier à

béton en ville, il me dépose chez lui, avec quelques provisions, me

montre mon lit et la télé, et repart voir un ami malade à l'hôpital.


Demain matin, à 5h30, il me remontera dans la montagne là où il m'a

trouvée. C'est tôt, mais bon.


Et lorsqu'il rentre, il me dit: réveil à 4h. C'est TRES tôt.



L'endroit est plutôt bruyant, et après quelques trois heures de

sommeil, nous voilà repartis.


Chargés de quelques tonnes de sable,

nous mettrons deux heures à remonter à notre point de départ, tout

d'abord dans le crachin, avant de passer au dessus des nuages.


Puis nous nous séparons, alors que je m'étonne de voir que les autres

engins ne semblent pas vraiment prêts à démarrer.


Ce n'est que beaucoup plus tard, lorsque j'entendrai leur lointain

bruit dans la montagne, que je comprendrai.


Alors qu'il est épuisé, travaille comme un fou, et le soir en

rentrant fait encore quelques livraisons, puis s'écroule assomé de

fatigue, c'est pour me rendre service, pensant que je voulais

commencer à marcher de bonne heure, qu'il a décrété un réveil si

matinal qui lui a été très pénible egalement.


Je suis totalement confuse lorsque je réalise ça, et alors que je

gravis ensommeillée les cols suivants, je médite cet adage: le mieux

est l'ennemi du bien.

(Dans cette maison m'attend le petit dejeuner, mais je ne le sais pas encore...)




Puis pause deuxième petit-déjeuner dans une maisonnette isolée, chez

un couple âgé qui s'occupe des troupeaux. Mise en garde contre les loups.


En début d'après-midi, après pique-nique et provisions de route

avec une graaaande famille, le brouillard remonte, se transformant

rapidement en bruine.


Je profite que je suis éloignée de toute habitation, et mises en

gardes suivies d'invitations, pour planter ma tente très tôt.


Du repos, du vrai!

D'ailleurs la pluie s'intensifie, et va durer une bonne partie de la

nuit. Ça fait une éternité que je n'ai pas eu à utiliser ma tente,

finissant par m'interroger sur l'opportunité de la porter, ainsi que

matelas et duvet, et ça me fait bien plaisir de m'y réfugier.


Grosse nuit de sommeil, pas un bruit, ni coq, ni chien, ni voiture, ni

mosquée! Pas même les loups!


Vive le camping!





Le matin, réveil ensoleillé au dessus d'une mer de nuages que je

vais littérallement survoler toute la journée. Du pur bonheur de randonneur.


(Quand je pense qu'ils sont les premiers a me plaindre du poids de mon sac!)





(Je survole les nuages toute la journee. Youpi!)



(J'veux pas redescendre!)


(Trop tard)


(J'adore les fontaines)




( Je retrouve ici les memes granges surelevees et munies de pierres plates anti-rongeurs, qu'en Suisse)


(C'est le pays de la noisette. Une centaine de kilometres plus loin, ce sera le the)




(Tournage dans les rues de Rize. Les Turques ont une grosse production audio-visuelle, et sont fans de guerre et histoires policieres)





(Il a tant plu, que quelques minutes avant mon passage, cette maison en construction s'est ecroulee. Il regne une telle humidite que le beton semble impossible a gerer)





Depuis, Lisa est venue me rejoindre a Rize, chez Emre et Mohamed.

Nous sommes parties dans les montagnes du Kackar.



(Zilkale)



Mais la meteo ne s’etant pas montree clemente, nous sommes redescendues après deux jours eprouvants.



Non sans avoir vecu auparavant quelques aventures, accompagnees de rencontres chaleureuses.



(Nous dinons pres du poele, profitant de la genereuse hospitalite de l'hotelier)


(J'ai deja dit que j'adorais les fontaines? Et comme il n'y a plus de tortues...)



Comme cette famille qui nous a accueillies quelques heures, a cuisine pour nous en periode de ramadan en nous regardant nous regaler alors qu'ils jeunaient tous, et dont la grand-mere nous a offert une paire de chaussettes chacune.


Les femmes nous ont montre et fait essayer les foulards traditionnels de la region, et enseigne la facon de les nouer.


Ils nous ont propose de nous accueillir pour la nuit, bien que deja tres nombreux dans la maison, mais croyant a une eclaircie, nous sommes reparties.






Nous ne craignons rien, nous sommes habilement conseillees. Si nous rencontrons un ours, il faut faire l'ours a notre tour, et crier plus fort que lui. Fastoche!

(Nous voici reparties sous bonne escorte, l'arme em bandoulliere)
(Dernieres recommandations)

La veille, sous la pluie, alors que nous etant refugiees dans une microscopique pension de yayla perdue dans le brouillard, et voulions ressortir planter nos tentes, nous avons ete invitees par le patron a profiter des confortables banquettes de la salle a manger pour dormir.

Bref, afin de nous faire regretter le pays sans doute, tout le monde s'est encore mis en 4 pour nous offrir le meilleur.

Lisa, qui est amoureuse de la Turquie, aura bien du mal a la quitter... et y reviendra prochainement.




Nous voila a Batumi, en Georgie, dont voici ci-dessous notre premiere photo. Impressions et autres photos plus tard.


Nous allons encore marcher quelques jours ensemble, mais Lisa partira vers Tbilissi, pour tenter d'obtenir son visa Iranien. Selon le resutat nous nous rejoindrons ensuite ou non...




Apres, suspense...


Le moins que je puisse dire, c'est que j'ai l'impression que l'aventure commence vraiment depuis que nous avons quitte la Turquie.



Ce qui pouvait vous paraitre risque a la lecture, me semblait, avec le minimum de prudence requise, comme traverser le repere des pirates des Caraibes dans une barque a Dineyland.


Ecriture differente, langue inconnue et impossibilite de se procurer une quelconque methode, alcoolemie elevee (et je crains beaucoup plus la viande saoule que les loups..), magasins plus rares, les obstacles semblent nombreux...




Suite au prochain episode



ps: je m'apercois que les photos de l'interieur du monastere de Sumela ne sont pas enregistrees. Ce serait dommage, c'est magnifique, je les joindrai la prochaine fois.

14 commentaires:

  1. Des paysages magiques et toujours la petite aventure humaine...
    Je t'ai emprunté ta mer de nuages, la photo 11, pour la mettre en fond d'écran. Superbe !
    J'aime bien ton humour aussi. Comparer ton voyage jusqu'à ce jour à une "traversée à Disneyland", il fallait y penser !
    Demain je ferai une note sur toi. ;)

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  2. Des paysages qui me font rèver...merci
    Mais attention aux loups il ne faut jouer le rôle du petit Chaperon rouge
    Comme je suis gourmand pouvez- vous décrire les repas partagés
    Encore bonne route . Courage- prudence et à bientôt.

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  3. Bonjour,
    Je découvre ce blog que je trouve passionnant !
    Merci pour le récit de toutes ces aventures au jour le jour...
    Et merci pour toutes ces photos dépaysantes et qui me font rêver...
    Bonne continuation !

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  4. "L’âme est un sommet qui émerge à la surface du monde."


    Cette petite phrase rien que pour vous, en exergue à la photo 11, pour vous bercer du chant des étoiles. Puissent vos pas recevoir l'empreinte qu'ils méritent dans la longue pérégrination qui est la vôtre. Partir à la conquête de soi c'est devenir le maître du monde.

    Bien à vous, cordialement...

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  5. Grand merci à Pastelle de m'avoir dirigée jusqu'ici. Je vais suivre avec intérêt ce voyage dont j'admire la prouesse. Bravo, bon courage, à bientôt.
    Tanette

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  6. Un voyage épique avec de belles rencontres , de riches découvertes ...Ce doit étre fascinant et l'adrénaline doit étre au niveau le plus fort à chaque instant ! Bonne route et bon vent ....

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  7. Bises françoise...bonne route! isa math maeline et sarah

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  8. Votre blog est une merveille et votre périple hallucinant!!
    Je vous souhaite une bonne continuation auprès de tous ces gens merveilleux que vous rencontrez et auprès desquels vous semblez si heureuse ( même les pieds dans la boue ;D). Ces hommes et ces femmes qui vous accueillent sans poser de questions et vous nourrissent car vous avez faim : quels humains sommes nous ? Nous avons perdu cette humanité ..
    Profitez bien de vos aventures, je vous souhaite tout le bonheur du monde !!!

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  9. un partage étonnant, une richesse dans les rencontres, des paysages préservés,de la chaleur humaine
    j'étais rassurée de ne pas te savoir seule mais ta coéquipière a pris un autre chemin
    ton courage (car il en faut) me stupéfie
    Prends soin de toi et continue de faire bonne route sans obstacles

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  10. «L'oiseau a son nid, l'araignée sa toile, et l'homme l'amitié»

    William Blake


    Cette pensée me semble illustrer à merveille l’aventure humaine qui se crayonne devant vous.



    Bien à vous, cordialement...

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  11. Je vois que le réseau des blogueurs commencent a bien circuler vers ton blog!!!! Pastelle a écrit un chouette billet. Je suis vraiment ravie car tu partages avec nous une aventure superbe et... quel bonheur d'avoir rencontré ta voix, un jour, sur France Inter!

    Je te souhaite bon courage pour la suite de la route, tes photos, tes mots, ton enthousiasme, ta force! Chapeau bas!

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  12. Je viens de lire tout le blog et d'admirer les photos.
    Mais j'admire particulièrement l'esprit d'aventure. Quel courage.
    Prendre le temps de voir et de rencontrer.
    Et nous faire partager.
    Et minimiser les misères de la route.
    Et sans cesse repartir.

    Merci Françoise que je ne connais pas.
    Respect

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  13. Je découvre ton blog par l'intermédiaire de Pastelle.
    Admiratif devant ce projet, moi modeste randonneur.
    Je reviendrai pour cheminer auprès de toi dans tes futures étapes.
    A bientôt,

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  14. Bonjour Françoise,
    Grâce à Chrys et Pastelle, moi aussi je t'ai découverte et mise dans mes liens favoris tant tu suscites en moi une grande admiration de apr ta force, ta volonté, ton courage, et qui sait , un peu d'inconscience
    tes récits sont extraordinaires, je suis pourtant pas poule mouillée mais jamais je n'aurai pu, comme toi, continuer seule le chemin

    je n'ai qu'un mot, Félicitations, et qu'une envie, reprendre la lecture de ton blog par le début

    Belle continuation je reviens faire la balade avec toi :-)
    Nanou

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